Spatial : Thales pivot du programme Copernicus (2,5 milliards d’euros)

Spatial : Thales pivot du programme Copernicus (2,5 milliards d’euros)

L’enveloppe globale du programme d’observation de la Terre par satellite Copernicus, avec une nouvelle série de six satellites Sentinel lancés, s’élève à 2,9 milliards d’euros.

Les grands gagnants du programme européen Copernicus sont l’Allemagne, l’Italie et Thales Alenia Space (1,8 milliard d’euros) à bord de cinq des six nouveaux satellites Sentinel. L’Agence spatiale européenne (ESA) est en train de distribuer une enveloppe de 2,55 milliards à toute l’industrie spatiale européenne. Un ballon d’oxygène bienvenu au moment où la filière spatiale, touchée par la crise économique provoquée par le Covid-19, souffre.

Les contrats en cours de finalisation avec l’Agence spatiale européenne (ESA), qui a été très efficace pendant la crise sanitaire en accélérant le processus des appels d’offres, vont faire énormément de bien à toute l’industrie spatiale européenne touchée elle aussi par la crise du Covid-19. Cofinancée par l’ESA et l’Union européenne (UE), l’enveloppe globale du programme d’observation de la Terre par satellite Copernicus, avec une nouvelle série de six satellites Sentinel à développer, s’élève à 2,55 milliards d’euros, a annoncé l’ESA. Ce programme fournit des données d’observation de la Terre pour la protection de l’environnement, la surveillance du climat, l’évaluation des catastrophes naturelles et d’autres missions sociétales.

Berlin et Rome, deux maîtrises d’œuvre chacune

La maîtrise d’œuvre de ces six satellites Sentinel a été confiée à l’Allemagne (2 satellites), à l’Italie (2 satellites), à l’Espagne (1) et, enfin, à la France (1). En revanche, la Grande-Bretagne n’a obtenu aucune maîtrise d’œuvre. A la conférence ministérielle de l’ESA, qui s’est tenue début décembre à Séville, l’Allemagne a marqué son intérêt pour Copernicus en engageant près de 520 millions d’euros, suivie par l’Italie (370 millions), la France (350 millions), l’Espagne et la Grande-Bretagne (170 millions chacune). Avec le programme Copernicus, 800 millions d’euros vont bénéficier aux entreprises allemandes, selon le DLR, le Centre allemand pour l’aéronautique et l’astronautique.

C’est Thales Alenia Space (TAS), qui rafle en grande partie ce pactole. Le volume des commandes pour TAS devrait s’élever à environ 1,8 milliard d’euros, dont 200 millions en 2020. Pour autant, le constructeur franco-italien (67% détenus par Thales, 33% par Leonardo, devra sous-traiter une partie de cette enveloppe. Pour sa part, OHB a fait état de 800 millions d’euros de commandes. Airbus, qui devrait également recevoir sa part de commandes, n’a pas encore communiqué. Les négociations finales de tous ces contrats vont débuter sous peu et leur signature est attendue dans les prochaines semaines.

Thales, maître d’œuvre de trois satellites sur six

Thales Alenia Space a décroché la maîtrise d’œuvre de trois satellites sur les six en compétition. TAS sera le maître d’œuvre des missions suivantes : CHIME (mission d’imagerie hyperspectrale) avec OHB System et Leonardo comme principaux sous-traitants ; CIMR (Mission d’imagerie passive micro-ondes) avec OHB System et OHB Italia comme sous-traitants ; et, enfin, ROSE L (Mission radar SAR en bande L) avec Airbus Defence & Space Germany comme sous-traitant.

TAS sera également responsable de la charge utile pour deux autres missions. Il développera et fabriquera l’instrument CO2M (mission de surveillance du CO2) qui permettra de mesurer les émissions mondiales de CO2 d’origine anthropique et de jouer ainsi un rôle clé dans l’étude et le suivi des causes du changement climatique, sous la maîtrise d’œuvre d’OHB System. Il réalisera en France l’altimètre Cristal (Mission de topographie des glaces et des neiges polaires) sous la maîtrise d’œuvre Airbus Defence & Space Germany. In fine, comme l’a précisé le PDG de TAS, Hervé Derrey, TAS est « présent à bord de cinq des six nouvelles missions Copernicus, dont trois en tant que maître d’œuvre ». Ces missions d’observation de la Terre confiées à TAS incluent des solutions optique et radar.

Quelles missions pour les six satellites

La mission CO2M ou Sentinel 7 (445 millions d’euros), sous la maîtrise d’œuvre d’OHB Allemagne, embarquera un spectromètre, qui travaillera dans le proche infrarouge et dans l’infrarouge à ondes courtes pour mesurer le dioxyde de carbone atmosphérique produit par l’activité humaine. Ces mesures permettront de réduire les incertitudes actuelles dans les estimations des émissions de dioxyde de carbone provenant de la combustion de combustibles fossiles à l’échelle nationale et régionale. L’Union Européenne disposera ainsi d’une source d’information unique et indépendante pour évaluer l’efficacité des mesures politiques et suivre leur impact sur la décarbonisation de l’Europe et la réalisation des objectifs nationaux de réduction des émissions.

La mission LSTM (Surveillance de la température de la surface terrestre) ou Sentinel 8 (375 millions d’euros) embarquera un capteur infrarouge thermique à haute résolution spatio-temporelle pour fournir des observations de la température de la surface terrestre. La mission répond aux besoins prioritaires de la communauté des utilisateurs agricoles pour améliorer la productivité agricole durable à l’échelle du terrain dans un monde où la rareté et la variabilité de l’eau augmentent. La maîtrise d’œuvre de ce satellite a été confiée à Airbus Espagne.

La mission CRISTAL ou Sentinel 9 (300 millions d’euros), sous la maîtrise d’œuvre d’Airbus Space Allemagne, embarquera un altimètre radar multifréquence et un radiomètre à micro-ondes pour mesurer et contrôler l’épaisseur de la banquise et de la neige la recouvrant. Elle permettra également de mesurer et de surveiller les changements dans la hauteur des calottes glaciaires et des glaciers dans le monde entier. Les mesures de l’épaisseur de la banquise serviront aux opérations maritimes dans les océans polaires et, à plus long terme, aideront à la planification d’activités dans les régions polaires. La variabilité interannuelle de la banquise étant sensible au changement climatique, la mission contribuera à une meilleure compréhension des processus climatiques.

La mission CHIME (455 millions d’euros) ou Sentinel 10 (maîtrise d’œuvre TAS France) embarquera un spectromètre qui travaillera dans le visible et dans l’infrarouge à ondes courtes afin de fournir des observations hyper spectrales de routine pour soutenir de nouveaux services optimisés de gestion durable de l’agriculture et de la biodiversité, ainsi que la caractérisation des propriétés des sols. La mission complétera celle de Sentinel-2 pour des applications telles que la cartographie de la couverture terrestre.

La mission CIMR ou Sentinel 11 (495 millions d’euros), sous la maitrise d’oeuvre de TAS Italie, embarquera un radiomètre à micro-ondes  multifréquence à balayage conique et à large fauchée pour fournir des observations de la température de la surface de la mer, la concentration de la banquise et la salinité de la surface de la mer. Pour la première fois, il permettra également d’observer un large éventail d’autres paramètres de la banquise. La mission CIMR répond aux besoins prioritaires des principales communautés de l’Arctique.

Enfin, la mission ROSE-L ou Sentinel 12 (482 millions d’euros) embarquera un radar à synthèse d’ouverture SAR en bande L. Le signal long de la bande L pouvant pénétrer à travers de nombreuses matières naturelles telles que la végétation, la neige et la glace carboniques, la mission fournirait des informations supplémentaires ne pouvant être recueillies par la mission radar Copernicus Sentinel-1 en bande C. Elle sera utilisée en soutien à la gestion des forêts, pour surveiller l’affaissement et l’humidité du sol et pour différencier les types de cultures pour l’agriculture de précision et la sécurité alimentaire. En outre, la mission contribuera à la surveillance des calottes et glaces polaires, de l’étendue de la banquise dans la région polaire et de la neige saisonnière. Thales Alenia Space Italie dirigera le développement de cette mission.

 

Cabirol, M. (2020c, juillet 3). Spatial : Thales pivot du programme Copernicus (2,5 milliards d’euros). Consulté le 05 juillet 2020, à l’adresse https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/spatial-thales-pivot-du-programme-copernicus-2-9-milliards-d-euros-851813.html