Bilan de Florence PARLY : des exportations qui atteignent des sommets jamais atteints (3/5)
8 avril 2022
Florence Parly a aidé la vente de 201 Rafale exportés dans six pays (Qatar, Égypte, Grèce, Croatie, Émirats Arabes Unis et Indonésie) sur les 285 vendus à l’export depuis 2015.
En cinq ans à l’Hôtel de Brienne, Florence Parly a su bénéficier d’un alignement des planètes pour effectuer un passage remarqué au ministère des Armées dans un contexte de crises et de tensions inédites. Exportations, budgets et préservation de la BITD ont été au cœur de la réussite de son bilan économique et financier. Mais elle a échoué à bâtir des coopérations solides avec la très versatile Allemagne. Enfin, en matière d’innovation, la ministre n’est pas allée aussi loin, aussi haut et aussi fort que les enjeux cruciaux l’exigeaient. Troisième volet de cette série, les exportations d’armements de la France.
En matière d’exportations d’armements, la ministre des Armées Florence Parly a fait le « job » – et plutôt très bien – pour faire gagner la France dans le monde, et notamment en Europe : 9,1 milliards en 2018, puis 8,3 milliards en 2019, et, enfin, 4,8 milliards en 2020, année de la Covid. Mais c’est surtout les exportations en 2021 et, plus encore en 2022, qui vont faire exploser les bilans et atteindre des sommets jamais atteints. Soit un total estimé à plus de 65 milliards d’euros sur la période du quinquennat. Florence Parly a même réussi à dépasser le bilan de Jean-Yves Le Drian, son prédécesseur qui avait pourtant multiplié les contrats à l’export. En 2021, la France a réussi à signer trois nouveaux contrats de vente du Rafale en Grèce (18 appareils, dont 12 d’occasion), en Croatie (12 d’occasion) et en Égypte (30 neufs). Cette année, Dassault Aviation a déjà engrangé deux mégacontrats (80 Rafale aux Émirats Arabes Unis et 42 en Indonésie) ainsi que six appareils supplémentaires en Grèce. Par ailleurs, Naval Group a vendu trois frégates FDI à la marine grecque.
Le ministère des Armées estime d’ores et déjà que les exportations vont s’élever pour les années 2021 et 2022 à un montant cumulé de plus de 30 milliards d’euros, dont 16 milliards pour les 80 Rafale F4 vendus début décembre aux Émirats Arabes Unis. Un contrat qui sera mis en vigueur cette année, certainement en avril ou mai. Au total, depuis son arrivée au ministère des Armées en 2017, Florence Parly a aidé la vente de 201 Rafale, sur les 285 vendus à l’export depuis 2015 (dont 261 neufs). Avec les six appareils supplémentaires acquis par la Grèce, son bilan dépasse la barre symbolique de 200 Rafale exportés dans six pays (Qatar, Égypte, Grèce, Croatie, Émirats Arabes Unis et Indonésie) lors de son passage à l’Hôtel de Brienne. Soit un très bon bilan.
L’Europe, une priorité pour Florence Parly
Au-delà de tous ces succès, Florence Parly a souhaité faire de l’Europe une priorité des exportations d’armement françaises. Elle a réussi son pari même si l’alignement des planètes lui a été très favorable. Ainsi, la part de la zone Europe a atteint en 2019 et 2020 un niveau significatif, respectivement 45% et 25 % des prises de commande. Des niveaux jamais atteints jusqu’ici. En 2019, la direction générale de l’armement (DGA) avait notifié à Nexter pour le compte de la Belgique un contrat portant sur le programme de Capacité Motorisée (CaMo) destiné à équiper de véhicules blindés l’armée de Terre belge. Soit 382 véhicules blindés multi-rôles (VBMR) Griffon et 60 engins blindés de reconnaissance et de combat (EBRC) Jaguar destinés à la composante Terre de l’armée belge (1,5 milliard d’euros).
Et c’est loin d’être terminé. En 2021, la Grèce est devenue le premier pays de l’Union européenne à acquérir le Rafale (18 appareils, dont 12 d’occasion), puis, quelques mois plus tard, la Croatie s’est également offert l’avion de combat français (12 avions d’occasion). Rebelote en 2022 avec les six nouveaux Rafale vendus à la Grèce. L’exportation du Rafale en Europe s’inscrit dans le prolongement de la volonté de la France de renforcer les partenariats européens et de promouvoir la préférence européenne en matière d’achats d’armement. Tout comme la vente des trois frégates FDI en Grèce cette année, ces deux contrats Rafale permettront de perpétuer en 2021 et 2022 les tendances déjà observées les années précédentes sur la part significative des exportations d’armes françaises vers l’Europe.
Des partenariats stratégiques majeurs maintenus
Florence Parly a su également prendre en 2019 ses responsabilités pour défendre les ventes d’armes en Arabie Saoudite ou aux Émirats Arabes Unis en pleine guerre au Yémen. Il eut été plus facile de botter en touche mais elle a assumé la politique internationale de la France, qui a des partenariats de très longue date avec ces deux pays clés pour la stabilité de cette région. « Devrions-nous aller plus loin, et cesser toute relation d’armement avec l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ? Je ne le crois pas », avait-elle expliqué devant la commission de la défense de l’Assemblée nationale en mai 2019.
En rompant les liens avec ces pays, la France se priverait « de partenaires stratégiques qui, à ses côtés, ont su jouer, jouent encore aujourd’hui et joueront peut-être encore à l’avenir un rôle positif dans le règlement de certaines crises ». Enfin, avait-elle estimé que « ce serait porter un coup sérieux à la réputation de la France auprès de ses clients, en donnant l’impression qu’elle peut lâcher ses partenaires en cours de route si elle désapprouve telle ou telle de leurs actions ». C’est pourtant ce qu’avait fait la France en 2015 pour le contrat des deux BPC Mistral à la Russie.
Une industrie pérenne grâce aux exportations
L’industrie d’armement française ne peut être pérenne que grâce aux seules commandes nationales. L’exportation joue un rôle crucial dans la pérennisation de la BITD française. « Il en va de la préservation de notre BITD, de notre modèle d’armée et de la construction d’une Europe de la défense forte et stratégiquement autonome », confirme Florence Parly dans le rapport au Parlement sur les exportations. Le Délégué général pour l’armement l’explique très bien. « Pour le Rafale, a récemment expliqué Joël Barre à la Chaire des grands enjeux stratégiques contemporains, si nous n’avions pas l’exportation, nous n’arriverions pas à entretenir de manière satisfaisante et de manière suffisamment efficace la chaîne de production du Rafale. Donc la première raison d’être des exportations, c’est de réaliser pour nos armées les équipements dont elles ont besoin dans des conditions satisfaisantes en matière de coûts et d’efficacité ».
Le passage de Florence Parly au ministère des Armées aura très significativement permis le renforcement des carnets de commande de la filière. La part des exportations de défense dans les prises de commandes de Dassault Aviation s’est élevée en 2021 à 6,1 milliards d’euros (sur un total de 9,1 milliards pour la défense). De son côté, Thales a engrangé l’an dernier 11,18 milliards d’euros de prises de commandes dans le secteur défense & sécurité (export et France). Soit un record historique. Ce niveau élevé s’explique par l’obtention de 13 contrats de plus de 100 millions d’euros, dont deux contrats majeur, dont le Rafale en Égypte. Résultat, le carnet de commande du secteur atteint un nouveau record historique, à 26,1 milliards d’euros. Enfin, les deux prochains rapports sur les exportations d’armements de la France au Parlement révéleront les chiffres incroyables des exportations d’armes tricolores.
Cabirol, M. (2022c, mars 30). Bilan de Florence Parly : des exportations qui atteignent des sommets jamais atteints (3/5). La Tribune. Consulté le 8 avril 2022, à l’adresse https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/bilan-de-florence-parly-des-exportations-qui-atteignent-des-sommets-jamais-atteints-3-5-906769.html