La CFE-CGC séduit les cadres en cassant les codes !
3 octobre 2022
Syndicat réformiste ou contestataire ?
La centrale, menée par François HOMMERIL, perce dans les entreprises grâce à sa stratégie hybride: radicale au plan national, conciliante sur le terrain. Un poil à gratter qui déroute.
C’est un syndicat qui cultive sa singularité. Réformiste comme la CFDT ? Non. Contestataire comme la CGT ? Non plus. Un peu des deux ? Oui. La CFE-CGC, organisation fondée en 1944 pour représenter les cadres et les techniciens, a adopté ce positionnement atypique qui rapporte gros. Lors de la dernière mesure de la représentativité des syndicats publiée en mai, elle a obtenu près de 12% des voix, en nette progression par rapport à 2017 (10,6%). Soit un gain de 38.000 voix en quatre ans. Une belle performance qui dénote par rapport à l’atonie des autres centrales. « La CFDT stagne, la CGT perd des voix, analyse Raymond SOUBIE, président du cabinet de conseil Alixio et ancien conseiller social de Nicolas SARKOZY. La CFE-CGC est le seul syndicat représentatif qui progresse très nettement. » Pour la plus grande fierté de François HOMMERIL, son virevoltant président: « C’est un résultat remarquable que je veux dédier à nos militants sur le terrain, à la qualité de leur travail et à leur investissement sans faille. »
A sa tête depuis 2016, cet ancien délégué du personnel chez Péchiney est l’artisan de cette progression. Avec son style rugueux et volontiers provocateur, il a su braquer les projecteurs sur son organisation en rompant avec l’attitude plus consensuelle de sa prédécesseur, Carole Couvert, critiquée en interne pour avoir trop suivi la CFDT lors de la loi Travail de 2016. « Nous voulons incarner une sorte de troisième voie, commente celui qui devrait briguer un troisième mandat en mars 2023 lors du prochain congrès à Tours. Quand on a des choses à dire, on le dit. Et parfois ça peut piquer. »
Être un poil à gratter, le président de la CFE-CGC en a fait une marque de fabrique. Et quand il tape sur le gouvernement, il n’y va pas par quatre chemins. La dégressivité de l’allocation pour les cadres demandeurs d’emploi, l’une des mesures choc de la réforme de l’assurance-chômage ? « Du populisme visant à stigmatiser les cadres afin de rogner les droits des chômeurs plus modestes. » La réforme des retraites ? « Un objet purement politique de campagne électorale, dont le slogan est devenu “faire une réforme pour faire une réforme”; c’est bidon ! » Ce positionnement radical déroute le gouvernement et le patronat, peu habitués à voir cette centrale jouer les rebelles. « On devrait rebaptiser ce syndicat la “CFE-CGT”, tant il a dévié à gauche, peste un conseiller ministériel. Mais les déclarations fracassantes, c’est uniquement de la com. »
Fayolle, F. (2021, 13 novembre). Syndicat réformiste ou contestataire, la CFE-CGC séduit les cadres en cassant les codes. Challenges. Consulté le 3 octobre 2022, à l’adresse https://www.challenges.fr/economie/social/la-cfe-cgc-seduit-les-cadres-en-cassant-les-codes_788580