L’Inde envisage d’annuler son appel d’offres relatif à l’achat de 110 nouveaux avions de combat
28 mai 2020
Un feuilleton à rebondissements…
Lancée en 2001, la procédure dite MMRCA (Medium Multi-Role Combat Aircraft), qui devait permettre à la force aérienne indienne (Indian Air Force, IAF) de se procurer 126 nouveaux avions de combat multi-rôles (dont 108 assemblés en Inde), donna lieu à un feuilleton à rebondissements… Avant d’être finalement annulée en 2015, quand New Delhi décida de commander 36 Rafale auprès de la France, dans le cadre d’un accord de gouvernement à gouvernement.
Cela étant, cette commande était encore insuffisante pour permettre l’IAF à aligner 42 escadrons de chasse, conformément à l’objectif qui lui avait été fixé. D’où le lancement d’un nouvel appel d’offres, en avril 2018, afin d’acquérir 110 avions de combat, devant être produits localement, dans le cadre de la politique « Make in India ».
Plusieurs industriels se mirent sur les rangs pour tenter de remporter ce marché, évaluer à 15 milliards de dollars. Outre Dassault Aviation, donné favori, Lockheed-Martin proposa le F-21 (en réalité un F-16 « Viper » adapté aux besoins indiens) tandis que Boeing et Saab annoncèrent des partenariats avec des industriels indiens pour la production de F/A-18 Super Hornet et de JAS-39 Gripen E/F. Et, côté russe, le MiG-35 et le Su-35 étaient annoncés.
Mais il se pourrait bien que tous ces efforts n’aient servi à rien… Il y a quelques jours, le Premier ministre indien, Narendra Modi, a en effet souligné la nécessité d’acheter des équipements fabriqués en Inde afin de relancer et de stimuler l’économie indienne, impactée par l’épidémie de Covid-19.
Le ministère indien de la Défense a ainsi fait savoir qu’il s’attacherait désormais à identifier les économies potentielles pouvant être réalisées cette année en raison des retards dans les commandes passées auprès d’entreprises étrangères. L’idée serait de « flêcher » les ressources économisées des programmes locaux afin de les accélérer et de soutenir l’industrie indienne.
Chef d’état-major des forces armées indiennes depuis le 1er janvier, le général Bipin Rawat a reçu cinq sur cinq le message de Narendra Modi. Ainsi, la semaine passée, il a déclaré que l’Indian Air Force avait l’intention d’annuler l’appel d’offres pour acquérir des avions de combat étranger en faveur du Tejas LCA, un appareil léger développé non sans problèmes par Hindustan Aeronautics Limited (HAL).
Pour le général Rawat, acquérir des Tejas supplémentaires « aidera l’Inde à devenir un exportateur clé d’équipements de défense », notamment en raison du « prix relativement bas » de ce type d’appareil. Et d’ajouter que cette décision marque un « changement pour commencer à utiliser des armes fabriquées » en Inde.
« Les forces de défense (indiennes) beaucoup plus de produits d’origine nationale. Il est entendu qu’il peut y avoir des problèmes de qualité au début, mais ceux-ci seront réglés », a fait valoir le général Rawat.
Ainsi, en plus des 40 HAL Tejas Mk1 qu’elle a déjà commandés, il est question que l’IAF en achète 83 de plus pour 6 milliards de dollars. « Nous savons que ces avions ont beaucoup de composants importés (ndlr : moteur, commandes de vol, etc) mais, peu à peu, nous devons commencer à voir comment ils peuvent être fabriqués en Inde », a commenté le général Rawat.
Cependant, en janvier, le secrétaire indien à la Défense, Ajay Kumar, avait assuré que la commande éventuelle de 83 Tejas supplémentaires de remettrait pas en cause l’appel d’offres concernant les 110 avions de combat multi-rôles… D’autant plus que les candidats ont tous promis d’investir en Inde et de soutenir la politique « Make in India »…
Reste à voir ce qu’il en sera pour l’appel d’offres « MRCBF » (Multi-Role Carrier Borne Fighter), qui doit permettre à la marine indienne de se doter de 57 avions de chasse embarqués, sachant que la version navale du HAL Tejas a récemment passé un cap décisif.