Interview de Gabriel ARTERO
26 octobre 2021
Entretien accordé à News Tank, le 14/10/2021
« La négociation du thème 8 “Rémunération” est terminée et la CFE-CGC a considéré que le texte pouvait être mis en réserve en attendant un avis global sur l’ensemble de la négociation de la nouvelle Convention collective. Le sujet des primes spécifiques à certaines Conventions collectives territoriales actuelles reste encore à finaliser mais dans le cadre d’une négociation dans le champ de chacune de ces Conventions collectives. La principale négociation restant à achever au niveau national est le thème 7 “Protection sociale” », résume Gabriel ARTERO, président de la fédération de la métallurgie CFE-CGC, dans un entretien accordé à News Tank, le 14/10/2021.
Il reste aussi à négocier « des dispositions spécifiques aux personnels occupant certaines responsabilités, c’est-à-dire l’encadrement », ajoute-t-il. Toutes ces négociations doivent s’achever « début décembre 2021 ».
Sur la question de l’homogénéisation des dispositions actuelles « non-cadres » et « ingénieurs & cadres » dans le nouveau cadre conventionnel, « il a parfois été possible d’y parvenir et de faire converger les dispositions non-cadres vers celles des cadres. Mais la condition était que l’amélioration des règles pour les uns ne pouvait pas se faire au détriment des autres, surtout lorsque ces dispositions pouvaient avoir un impact économique pour les entreprises ».
La nouvelle CCN unique entrera en vigueur au 01/01/2024. La CFE-CGC de la Métallurgie préparer déjà ses troupes. « Un vaste programme de formation de ses militants » a été mis en place, en particulier sur le sujet des nouvelles classifications « qui sont la nouveauté la plus “dimensionnante” du nouveau texte ». « Il s’agit de donner à nos militants les outils pour discuter du déploiement de ces classifications dans les entreprises. Il s’agit aussi de leur permettre d’être au plus près des salariés pour répondre à leurs questions, et de les soutenir si des entreprises n’appliquent pas les règles précises codifiées dans nos accords. » Selon Gabriel ARTERO, les militants de la CFE-CGC « seront probablement aussi bien formés, voire mieux que les RH de certaines entreprises… ».
Gabriel ARTERO répond aux questions de News Tank :
- Où en est la négociation de la nouvelle CCN unique de la Métallurgie ? Pourra-t-elle être terminée d’ici la fin de cette année ?
« Toutes ces négociations doivent s’achever début décembre 2021 »
La négociation du thème 8 « Rémunération » est terminée et la CFE-CGC a considéré que le texte pouvait être « mis en réserve » en attendant un avis global sur l’ensemble de la négociation de la nouvelle Convention collective. Le sujet des primes spécifiques à certaines Conventions collectives territoriales actuelles reste encore à finaliser mais dans le cadre d’une négociation dans le champ de chacune de ces Conventions collectives.
La principale négociation restant à achever au niveau national est le thème 7 « Protection sociale ». Nous sommes dans l’attente de propositions convergentes des institutions de prévoyance et mutuelles répondant à l’appel d’offres. Il sera alors possible de négocier un équilibre entre prestations et coûts.
Pour la CFE-CGC, le socle de la branche doit absolument respecter les dispositions du 1,5 % T1 pour les salariés « cadres » au sens de la prévoyance (335 points et plus dans la grille de classification actuelle de la Métallurgie).
Enfin, il reste à négocier des dispositions spécifiques aux personnels occupant certaines responsabilités, c’est-à-dire l’encadrement. Toutes ces négociations doivent s’achever début décembre 2021.
- Les syndicats sont-ils parvenus, avec l’UIMM, à homogénéiser les dispositions actuelles « non-cadres » et « ingénieurs & cadres » ?
Dans le dispositif conventionnel actuel, il existe de nombreuses différences entre les dispositions « non-cadres », souvent codifiées dans les Conventions collectives territoriales ou de la Sidérurgie, et des dispositions « cadres » de la Convention collective nationale des ingénieurs et cadres. Lors des négociations du nouveau dispositif conventionnel, il a parfois été possible de faire converger les dispositions « non-cadres » vers celles des cadres. Mais la condition était que l’amélioration des règles pour les uns ne pouvait pas se faire au détriment des autres, surtout lorsque ces dispositions pouvaient avoir un impact économique pour les entreprises.
Dès lors, il n’a pas été possible d’harmoniser des dispositions comme les indemnités de licenciement (meilleure pour les cadres) ou la prime d’ancienneté (qui n’existe que pour les non-cadres).
- En juillet, la CFE-CGC était dubitative sur la mise en réserve du thème 9 « Dialogue social ». Qu’en est-il à ce jour ?
Même si les dispositions du texte « Dialogue social en entreprise » ne vont pas aussi loin que nous l’aurions souhaité, en particulier sur la reconnaissance de l’engagement des élus et militants, le texte est bien plus riche que les règles actuelles. Même si le texte ne comporte pas beaucoup de dispositions pouvant s’imposer aux entreprises, il contient des affirmations fortes, acceptées par l’UIMM représentant les entreprises. Celles-ci ne pourront donc pas les ignorer…, sauf à vouloir rester dans une vision archaïque du dialogue social. C’est une posture qui nous semble dangereuse en cette période de transitions majeures, sources d’inquiétudes et de tensions.
- Les négociations dans les chambres territoriales de la Métallurgie sont-elles bien engagées ou bien, reste-t-il, de ce côté-là des efforts à faire de la part de l’UIMM en termes d’incitation des chambres territoriales à négocier des accords ?
« Le succès des négociations territoriales conditionne la mise en œuvre de l’accord national »
Il reste encore beaucoup de choses à négocier sur les territoires. En particulier les modalités de transitions juridiques entre les Conventions collectives actuelles amenées à disparaître au 01/01/2024 pour être remplacées par la Convention collective unique nationale. Ces négociations doivent parfois porter sur le maintien, dans certains territoires, de dispositions particulières (primes, jours de congés) qui n’ont pas pu être harmonisées au niveau national. Ce sera aussi le cas concernant les dispositions particulières de la Convention spécifique à la Sidérurgie. L’enjeu est donc important.
Le succès de ces négociations conditionne la mise en œuvre de l’accord national. Tous les acteurs doivent donc être conscients de leurs responsabilités. Il n’est pas question de rediscuter de sujets harmonisés nationalement, mais il n’est pas question non plus de faire perdre aux salariés des dispositions particulières importantes. In fine, toutes choses égales par ailleurs, il faudra s’assurer qu’aucun salarié de la branche en poste, ne gagne pas moins au 01/01/2024.
- Comment organisez-vous d’ores et déjà l’information des DRH et cadres sur la nouvelle CCN unique pour anticiper son entrée en vigueur au 01/01/2024 ?
« Nos militants seront probablement aussi bien formés, voire mieux que les RH de certaines entreprises »
La CFE-CGC a mis en place un vaste programme de formation de ses militants, en particulier sur le sujet des nouvelles classifications qui sont la nouveauté la plus « dimensionnante » du nouveau texte. Il s’agit de donner à nos militants les outils pour discuter du déploiement de ces classifications dans les entreprises. Il s’agit aussi de leur permettre d’être au plus près des salariés pour répondre à leurs questions, et de les soutenir si des entreprises n’appliquent pas les règles précises codifiées dans nos accords.
Ces formations ont déjà débuté, afin que nos militants soient opérationnels dès le début de l’année 2022, à supposer que le nouveau dispositif conventionnel reçoive l’accord de la plupart des négociateurs. La CFE-CGC a préféré prendre le risque d’être en avance plutôt que d’être dépassée par les événements. Nos militants seront probablement aussi bien formés, voire mieux que les RH de certaines entreprises…