Bilan de Florence PARLY : des budgets respectés à l’euro près pour le bonheur des armées (1/5)

Bilan de Florence PARLY : des budgets respectés à l’euro près pour le bonheur des armées (1/5)

Les militaires considèrent qu’un bon ministre des Armées est celui ou celle qui obtient des bons budgets.

Ils considèrent aussi que ces derniers soient exécutés au plus près de la loi de finances initiale. Florence Parly coche bien toutes les cases.

En cinq ans à l’Hôtel de Brienne, Florence Parly a su bénéficier d’un alignement des planètes pour effectuer un passage remarqué au ministère des Armées dans un contexte de crises et de tensions inédites. Exportations, budgets et préservation de la BITD ont été au cœur de la réussite de son bilan économique et financier. Mais elle a échoué à bâtir des coopérations solides avec la très versatile Allemagne. Enfin, en matière d’innovation, la ministre n’est pas allée aussi loin, aussi haut et aussi fort que les enjeux cruciaux l’exigeaient. Premier volet de cette série, l’exécution des budgets des armées.

Enfin une loi de programmation militaire respectée ! Pour le grand bonheur des états-majors, qui ont eux aussi besoin de visibilité pour planifier une stratégie de long terme. Les militaires considèrent qu’un bon ministre des Armées est celui ou celle qui obtient des bons budgets et que ces derniers soient exécutés au plus près de la loi de finances initiale. Florence Parly coche bien toutes les cases. Une première sur la durée. Car depuis son arrivée au ministère des Armées, la ministre a non seulement respecté les trois premières annuités de la loi de programmation militaire (LPM) 2019-2025 ainsi que la dernière annuité de la précédente LPM (+1,8 milliard d’euros) mais les quatre budgets entre 2018 et 2021 ont été très bien exécutés. Ce qui n’est pas le cas des précédentes LPM comme le rappelle un rapport de la commission de la défense de l’Assemblée nationale de 2018 : « Les crédits d’équipements ont été mal exécutés pendant quatre LPM (1997-2014) ».

« Depuis 1985, excepté entre 2003 et 2007, les lois de finances initiales (LFI) s’écartent de plus en plus souvent de la programmation, note ce rapport sur l’exécution de la LPM 2014-2019. La LPM 1995-2000 présente même cette caractéristique particulière d’avoir été inexécutée dès la première année, avant l’adoption d’une nouvelle loi couvrant la période 1997-2002, mal exécutée à son tour et actualisée lors d’une revue des programmes », constate ce rapport.

La LPM 2019-2025 (295 milliards d’euros sur la période, hors pensions) est une LPM de réparation mais aussi de remontée en puissance. Une remontée en puissance certes très lente mais les armées partaient de loin, de très loin en 2017 après des décennies de coupes claires dans les budgets des armées. Cette LPM à hauteur d’hommes a également permis de redonner un certain « confort » à la vie quotidienne des militaires avec le plan famille de Florence Parly.

Une armée échantillonnaire

Mais le constat est terrible aujourd’hui encore en dépit d’une hausse du budget depuis quatre ans. L’armée française est devenue au fil du temps et des coupes budgétaires une armée avec des moyens échantillonnaires même si elle couvre encore pratiquement l’ensemble du spectre opérationnel. Trop peu de matériels pour tenir une guerre de haute intensité dans la durée. Mais ce modèle échantillonnaire reste une chance. « S’il peut être qualifié sans conteste d’échantillonnaire, le bonsaï français est prêt à croître à tout instant dans la direction voulue par les autorités politiques, fait unique en Europe, et il confère à la France une capacité à jouer un rôle déterminant dans des coalitions aux côtés de ses alliés », estiment les députés Jean-Louis Thiériot et Patricia Mirallès dans un récent rapport portant sur « la préparation de nos armées et de notre pays à la guerre de haute intensité ». Pour autant, les stratèges ont dû faire l’impasse dans leurs arbitrages dans les années 2000 sur le haut du spectre de la guerre à haute intensité (chars lourds, artillerie…)

La ministre a su parfaitement mettre en musique sur le plan budgétaire les volontés du président de la République. Et le respect de la LPM, au regard des précédentes LPM, n’était pas aisé quand elle est arrivée à l’Hôtel de Brienne à la surprise générale, après le départ rapide et tout aussi improbable de Sylvie Goulard. Les trois premiers exercices de la LPM exigeaient une hausse de 1,7 milliard d’euros par an. Ils ont été exécutés à l’euro près. « L’engagement de réinvestissement est là ; le budget des armées était de 32,3 milliards en 2017 ; il est cette année de 40,9 milliards, nous avons tenu malgré la crise ces engagements, ce qui fait que la France a dépensé 2% de son produit intérieur brut dans ses armées en 2020 », a rappelé le candidat Macron le 17 mars dernier.

Et après ?

Enfin, la loi de finances initiale du budget 2022 respecte la quatrième annuité de la LPM en dépit de la suppression temporaire de 300 millions d’euros dans une loi de finances rectificative. Soit au total 153,4 milliards d’euros sur la période 2019-2022. Sur cette période, le budget des armées (hors pensions) a augmenté de plus de 14% et de près de 20% par rapport à 2018, passant de 34,1 milliards en 2018 à 40,9 milliards en 2022. Même les sénateurs pourtant critiques au moment de la non-réactualisation de la LPM ont expliqué que les lois de finances initiales et les lois de règlement successives depuis 2019 permettent de donner acte de la conformité de l’exécution budgétaire aux engagements du président de la République. La Cour des comptes donne également son satisfecit à la ministre. Elle constate une exécution budgétaire des premières années (2019-2021) de la LPM « globalement conforme à la programmation » et ce « contrairement à ce qui s’était produit depuis deux décennies pour les précédentes LPM ».

Car la chance de Florence Parly est d’avoir eu Emmanuel Macron, qui en tant que chef des Armées, a respecté sa promesse d’augmenter régulièrement le budget des armées. Le président a pour sa part eu une seconde chance en dénichant l’inattendue Florence Parly après les débuts inquiétants de Sylvie Goulard. Elle lui a été loyale et, surtout, a chaussé ses rangers avec une certaine efficacité. Au cas où Emmanuel Macron prolongeait son bail à l’Élysée, le candidat Macron a déjà « conforter et confirmer » cet engagement d’atteindre « l’objectif des 50 milliards en 2025 ».

Au-delà, il n’a pas voulu se prononcer. « Si les Françaises et les Français me font confiance, je demanderai au chef d’état-major des armées de pouvoir réévaluer tous les besoins qui apparaissent à la lumière justement de la guerre que nous sommes en train de vivre et de la mise en œuvre de la loi de programmation militaire depuis 2019 », a expliqué le candidat Macron, qui semblait pourtant parti pour réduire la voilure de la hausse du budget des armées dans un contexte budgétaire national très tendu. Mais la crise ukrainienne l’a rattrapée et avec elle, une cohorte de lacunes capacitaires des armées mise en lumière par le retour des combats à haute intensité en Europe.

 

Cabirol, M. (2022a, mars 30). Bilan de Florence Parly : des budgets respectés à l’ ; euro près pour le bonheur des armées (1/5). La Tribune. Consulté le 6 avril 2022, à l’adresse https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/bilan-de-florence-parly-des-budgets-respectes-a-l-euro-pres-pour-le-bonheur-des-armees-1-5-906580.html