Budget 2023 : le tour de passe-passe du ministère des Armées pour juguler l’inflation
3 octobre 2022
L’arme du ministère des Armées, qui va servir à contrer l’inflation, est le report de charge.
Les armées bénéficieront bien d’une croissance nette de trois milliards d’euros supplémentaires par rapport à 2022. Le budget des armées atteindra l’an prochain 43,9 milliards d’euros.
Un tour de passe-passe magistral. Le ministère des Armées aura bien une croissance nette de 3 milliards d’euros de son budget en 2023. Comment l’Hôtel de Brienne s’y est pris ? Il fallait simplement y penser : en utilisant la technique budgétaire du report de charge. L’Hôtel de Brienne va ainsi annihiler l’inflation, qui aurait dû consommer au moins 1 milliard d’euros l’année prochaine, selon le ministère, voire même la moitié de la hausse, selon certains de nos interlocuteurs. Cette technique budgétaire vise à payer certaines factures l’année suivante.
Le report de charge, qui s’élevait à 19 milliards d’euros en 2019, devait atterrir à 12 milliards d’euros à la fin de cette année. Après plusieurs années de baisse, il repart donc à la hausse. « C’est loin d’être très, très grave », estime-t-on au ministère des Armées.
Un budget à 43,9 milliards d’euros
En 2023, le ministère devrait dépenser 43,9 milliards d’euros, hors pensions et budget des anciens combattants. Soit trois milliards de plus par rapport au budget de 2022, qui avait été crédité d’une hausse de 1,7 milliard d’euros en loi de finances initiale. « Depuis 2017, la nouvelle trajectoire budgétaire a permis de faire passer les crédits des armées de 32,3 milliards d’euros à 43,9 milliards d’euros », s’est félicité le ministre des Armées Sébastien Lecornu dans le document présentant le budget de son ministère. Soit une augmentation de 36% entre 2017 et 2023 (11,6 milliards d’euros). Ce qui a permis à Florence Parly (2017-2022), puis Sébastien Lecornu de pouvoir mettre en œuvre une loi de programmation militaire (LPM) de réparation après plus d’une décennie de décrue massive des budgets de la défense.
Les trois milliards d’euros de ressources nouvelles en 2023 sont ventilés ainsi : 669 millions d’euros pour la masse salariale (pour un total de 13,2 milliards d’euros hors pensions), 550 millions d’euros pour l’entretien programmé du matériel (5 milliards au total), 455 millions d’euros pour les programmes à effet majeur (8,5 milliards), 318 millions d’euros pour la dissuasion (5,6 milliards). Le reste de l’augmentation est réparti entre différents postes de dépenses (infrastructures, carburants, énergies…) Dans le cadre de la remise à niveau des stocks de munitions, le ministère va dépenser en 2023 1,1 milliard d’euros en crédits de paiement (200 missiles MMP, un lot de missiles mer-mer Exocet, un lot de missiles de croisière Scalp rénovés, un lot de missiles air-air Mica remotorisés, un lot de missiles Meteor). En outre, l’année prochaine, les premiers lots de bombes de forte puissance (1 tonne) issues de la filière française seront livrés aux armées.
Parmi les grandes commandes attendues en 2023 : 42 Rafale, un lot de missiles Aster 30 embarqué sur frégates et un lot de missiles Aster NT, 420 véhicules blindés légers Serval, un nouveau lot de missile MMP, un lot de missiles Exocet, et 22 hélicoptères de manoeuvre… Parmi les grandes livraisons : le second sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) Barracuda, le Duguay-Trouin, un bâtiment ravitailleur, un patrouilleur outre-mer, 5 hélicoptères H160, un satellite de télécoms militaires Syracuse IV, 13 Rafale, deux A400M, trois MRTT, 13 Mirage rénovés, 18 chars Leclerc rénovés, 264 véhicules blindés légers, 5 Tigre HAD…
Cabirol, M. (2022, 27 septembre). Budget 2023 : le tour de passe-passe du ministère des Armées pour juguler l& # 039 ; inflation. La Tribune. Consulté le 3 octobre 2022, à l’adresse https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/budget-2023-le-tour-de-passe-passe-du-ministere-des-armees-pour-juguler-l-inflation-934413.html